ADFI Lyon

Le discours de certaines influenceuses interpelle

Les propos de certaines influenceuses s’apparentent clairement à du prosélytisme. Ce qui surprend une partie de leurs fans. Mais aussi et surtout des organismes de lutte contre les dérives sectaires qui tirent la sonnette d’alarme.

 

Mi-Novembre, le compte TikTok d’Ophenya a été suspendu et la Miviludes a saisi la justice. Cette influenceuse n’est pas la seule dans le viseur. Plusieurs personnalités françaises ont, sur les réseaux sociaux, révélé leur appartenance à des courants religieux, pointés pour leurs dérives sectaires préoccupantes.

Parmi elles, So Andy qui comptabilise 1,2 million d’abonnés sur YouTube. Dans une vidéo publiée en mai 2024, on la voit arborant un pendentif en forme de croix au cou, un crucifix en bois trônant derrière elle. L’ancienne candidate de téléréalité y explique « être prête à tout perdre pour vivre avec Dieu ». Elle y raconte « son errance spirituelle » dans l’occultisme et le New Age avant sa découverte de l’évangélisme, qu’elle qualifie de « révélation ». Désormais, Nadège Dabrowski de son vrai nom est baptisée, elle a rejoint une église évangélique et a supprimé toutes ses vidéos sur l’astrologie, considérées comme « des abominations aux yeux de Dieu » souligne-t-elle en citant le Deutéronome.

Ce rejet du passé, on le retrouve également chez Haneia, 200 000 abonnés sur Instagram. Elle aussi est issue de la téléréalité et a pris un tournant radical. Elle se revendique ouvertement mormone. Elle dit avoir appris « à vivre plus sainement, à avoir un entourage beaucoup plus restreint et à couper, par exemple, les sorties… […] ». Elle a ainsi supprimé des vidéos où elle se trouvait « trop dénudée » et dit « bannir le tabac, l’alcool et les relations sexuelles ».

Dans leurs communautés respectives, des fans ont exprimé leur étonnement. Certains parlent « d’emprise », de « déni de la réalité » voire de « prosélytisme 2.0 ». Ces créatrices de contenu nient toute volonté de propagande. Au début de chaque vidéo, Andy précise d’ailleurs que « les personnes sont libres d’interrompre le visionnage si elles ne souhaitent pas entendre parler de religion ».

 

Cliquer sur « Pas intéressé »

Le problème, c’est surtout l’algorithme des plateformes qui joue le rôle de prosélyte, affinant ses recommandations au fur et à mesure des contenus consommés. Selon Marie Jaudet, du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, « les réseaux sociaux ont participé à la diffusion accrue de ces discours, surtout depuis le confinement. La crise sanitaire a constitué un catalyseur à travers une prolifération de nouveaux acteurs sectaires, plus discrets, maîtrisant le web et ses codes, sachant contrôler les esprits, en exploitant les peurs, la perte de repères, la recherche de solutions simples face à des questionnements existentiels, par définition complexes ». Elle estime que « ces manipulateurs isolés et parfaitement autonomes ont pu aisément exploiter le contexte pour propager leur doctrine sur les réseaux sociaux. Ils se sont offert une véritable vitrine publicitaire pour leur activité et un espace pour réunir et contrôler une communauté virtuelle dont la souffrance semble, elle, bien réelle ». 

Si vous voyez sur votre fil d’actualité des contenus qui vous inquiètent, vous pouvez cliquer sur les trois petits points, puis sur « Pas intéressé ». Si vous pensez être victime de dérives sectaires, ou si vous connaissez quelqu’un qui a besoin d’aide, n’hésitez-pas à contacter l’ADFI Lyon au 04 78 62 33 49.

(Source : Numerama, 16.12.2024)

Auteur : Unadfi

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